AECG – Nouvelle liaison maritime Montréal-Europe, un signal «vigoureux». Le transporteur Maersk compte ajouter un trajet de plus chaque semaine en prévision du libre-échange

François Desjardins, Le Devoir, publié le 22 août 2017

Une des particularités du port de Montréal vient du fait que les navires sont entièrement chargés et déchargés sur place.
Une des particularités du port de Montréal vient du fait que les navires sont entièrement chargés et déchargés sur place. (Photo: Communauté métropolitaine de Montréal)

 

À quelques semaines de l’entrée en vigueur provisoire de l’accord de libre-échange entre le Canada et l’Europe, la perspective d’une augmentation des volumes de marchandises au port de Montréal commence déjà à se dessiner avec l’ajout prévu d’une nouvelle liaison entre la ville et le continent européen. Selon un expert, il s’agit là d’un signal fort.

Le groupe de transport maritime Maersk, qui compte 630 navires sur les océans du globe, a indiqué dans le Globe and Mail ce week-end qu’il ajoutera dès le 30 septembre une liaison hebdomadaire supplémentaire avec l’Europe pour traiter la quantité additionnelle de biens échangés.

Les autorités portuaires se préparent depuis des années à l’augmentation du trafic de conteneurs entre le Canada et l’Europe. En 2015, par exemple, le port a effectué des travaux pour hausser sa capacité totale de 26 %. De plus, il veut agrandir ses installations au terminal de Contrecoeur.

En entrevue au Globe, le président de Maersk Line Canada, Jack Mahoney, a dit que les volumes traités par l’entreprise au Canada ont connu une hausse de 15 % cette année, notamment en raison des produits agricoles. Parmi les autres grands transporteurs qui desservent Montréal figurent Hapag-Lloyd et le deuxième groupe mondial, Mediterranean Shipping Company (MSC).

Ottawa et l’Union européenne ont récemment convenu que l’application provisoire de l’accord de libre-échange aura lieu le 21 septembre. L’entrée en vigueur définitive aura lieu seulement lorsque les Parlements de tous les pays auront ratifié l’accord. Le marché européen est composé de 800 millions de personnes, un bassin de consommateurs et d’entreprises qui pourrait notamment bénéficier aux PME, ont déjà indiqué les négociateurs canadiens.

« On ne pouvait pas espérer mieux. Vous avez le plus grand transporteur maritime au monde qui ouvre une nouvelle ligne avec la Méditerranée. C’est une très bonne nouvelle pour Montréal », a dit Claude Comtois, professeur de géographie à l’Université de Montréal et affilié au Centre de recherche sur les réseaux d’entreprise, la logistique et le transport de l’Université de Montréal (CIRRELT).

« Ça donne un signal extrêmement vigoureux sur la perception qu’ont les transporteurs de l’aspect positif de l’accord de libre-échange avec l’Europe », a ajouté M. Comtois. « Prenons un exemple : le boeuf de l’Ouest canadien destiné au marché européen. La seule place par où il passera, c’est Montréal. »

Une des particularités du port de Montréal vient du fait que les navires sont entièrement chargés et déchargés sur place, contrairement à d’autres ports qui peuvent servir d’arrêt temporaire vers une autre destination finale.

Lien avec les pôles

Une commission parlementaire se penche actuellement sur le projet de loi 85, déposé par le gouvernement Couillard en 2015 et visant à concrétiser deux « pôles logistiques », celui de Contrecoeur et un autre dans la municipalité des Cèdres. De plus, il vise à « faciliter les projets d’investissement dans les zones industrialo-portuaires de la région métropolitaine de Montréal ».

Dans son mémoire soumis la semaine dernière, la Chambre de commerce du Montréal métropolitain a fait valoir que « l’entrée en vigueur prochaine de l’AECG entre l’Union européenne et le Canada laisse entrevoir une hausse de l’achalandage des activités portuaires, qui s’ajoutera à la tendance déjà observée depuis quelques années ». Selon elle, le port de Montréal « est à l’épicentre de l’industrie du transport et de la logistique de la région métropolitaine, et il joue un rôle de premier plan à l’échelle de la côte nord-est américaine ». La présence de pôles près du port pourrait entraîner le développement d’industries « légères », a-t-elle estimé.

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