Annie Morin, Le Soleil, publié le 15 février 2017
(Québec) Des résidus de granules de bois transbordés à l’anse au Foulon se sont déposés sur les glaces du fleuve Saint-Laurent, fin janvier. La preuve selon des citoyens que même la mise sous couvert du vrac solide, promise pour l’agrandissement du port dans le secteur de Beauport, ne garantit pas un environnement sans poussières.
Le Soleil a reçu par courriel des photographies trop floues pour être publiées mais montrant néanmoins un déversement couleur de bois. Elles ont été prises le 24 janvier à partir des Jardins Mérici, qui ont vue sur l’anse au Foulon.
Marie-Andrée Blanchet, porte-parole de l’Administration portuaire de Québec (APQ), confirme que l’auteur des photos a utilisé la ligne téléphonique consacrée aux plaintes pour signaler l’incident.
«L’événement était en lien avec de la poussière résiduelle lors du chargement du navire [seul point de contact de la granule avec l’air libre] et non avec l’étanchéité du terminal et de ses opérations. La poussière résiduelle est demeurée sur nos installations [problématique très localisée] et n’a pas eu d’effet dans la communauté. Depuis le début des opérations du terminal de granules, il s’agit de la première fois qu’une problématique de poussière nous est signalée. Nous avons demandé à l’opérateur d’apporter les correctifs nécessaires pour minimiser au maximum les risques de récidives de la problématique, nous suivons le dossier de très près», a-t-elle écrit en réponse aux questions du Soleil.
En entrevue téléphonique, Johanne Lapointe, vice-présidente aux affaires corporatives de l’opérateur Arrimage Québec, a précisé que le chargement des granules dans la cale du navire devant les livrer en Europe était terminé quand une bourrasque de vent a balayé les résidus s’étant accumulés sur le pont.
Cela n’aurait autrement pas été possible puisque les granules ne sont jamais transbordés à l’air libre grâce à des convoyeurs entièrement sous couvert, du train aux silos, puis des silos au bateau. Lors d’une visite de ses nouvelles installations du Foulon en août 2014, Arrimage Québec les avait présentées comme «les plus sécuritaires au monde».
Nettoyage «en continu»
«Pour éviter que cela se reproduise, le nettoyage sera désormais fait en continu quand la météo est incertaine», a exposé Mme Lapointe. «C’est du bois, on ne parle pas de quelque chose de nocif. Mais encore là, on prend ça très au sérieux», a-t-elle insisté.
Le ministère québécois de l’Environnement, avec qui les deux organisations sont à couteaux tirés sur le plan légal, n’a pas été avisé sur le coup, mais a posé a posteriori des questions à l’APQ sur les circonstances de l’accident.
Pour Alain Samson, président du Conseil de quartier du Vieux-Québec-Cap-Blanc-Colline parlementaire, cela prouve qu’il y a toujours un danger de poussières autour du Port. «On peut bien avoir des opérations à couvert avec les meilleures technologies et les meilleurs processus, on n’est jamais à l’abri de coups de vent ou d’incidents techniques», constate-t-il. «Une chance que c’était des granules de bois. Si ça avait été d’autres types de produits…»
D’autres citoyens nous ont aussi partagé leurs inquiétudes, sans nécessairement vouloir que leur nom apparaisse dans le journal.
Lors des audiences de l’Agence canadienne d’évaluation environnementale (ACEE), au début du mois, des intervenants ont fait valoir que le risque zéro n’existait pas en matière de poussières, même si le Port s’est engagé à réaliser sous couvert toutes les activités de transbordement au futur quai multifonctionnel de la baie de Beauport. C’est notamment la position défendue dans les mémoires de l’Initiative citoyenne de vigilance du port de Québec et du Comité de vigilance des activités portuaires.