Jean-Luc Lavallée, Journal de Québec, publié le 6 décembre 2015
Les travaux d’agrandissement du port de Québec, qui pourraient être lancés dans les prochaines années, impliquent le dragage du fleuve Saint-Laurent afin d’aménager un quai multifonctionnel en eau profonde. Interrogé sur le danger potentiel pour les prises d’eau, le Port rappelle que toutes les préoccupations environnementales seront analysées lors du processus de consultation. (Photo: Daniel Mallard, Agence QMI)
Le dragage du fleuve Saint-Laurent, prévu dans le projet d’agrandissement du port de Québec, suscite des inquiétudes pour les prises d’eau potable de Québec et de Lévis.
Même le maire de Québec, qui appuie le projet du port, a pris la plume pour s’adresser directement à l’Agence canadienne d’évaluation environnementale, en septembre, invitant l’organisme fédéral à se pencher sur les conséquences potentielles de ces travaux sur la prise d’eau située à l’ouest des ponts.
«La notion de protection des sources d’eaux potables doit impérativement être abordée dans l’étude d’impact environnemental», peut-on lire dans la lettre rédigée par le Cabinet de Régis Labeaume, dont Le Journal a obtenu copie.
En entrevue, il relativise la portée de son intervention. «C’est normal (d’écrire à l’Agence). On l’a demandé, mais, depuis ce temps-là, on a lancé tout notre chantier sur la protection des sources d’eau, alors ça va inclure le port.»
Opposition et GIRAM
Dans son mémoire dévoilé la semaine dernière, sur la Vision stratégique d’aménagement Québec 2040, l’opposition à l’hôtel de ville évoque aussi les risques liés au projet Beauport 2020.
«Si le projet devait aller de l’avant, les travaux nécessiteraient le dragage d’une partie du fleuve, ce qui pourrait entraîner des risques pour notre prise d’eau. Il faut donc dès maintenant envisager des pistes de solution pour agir en amont du problème», peut-on lire.
Le Groupe d’initiatives et de recherches appliquées au milieu (GIRAM) redoute le «gigantesque brassage des couches sédimentaires contaminées accumulées sur des décennies», dans le cadre du projet qui consiste à créer une nouvelle aire de 17,5 hectares pour le transbordement du vrac.
«Le remplissage du terrain serait essentiellement réalisé à partir de matériaux de dragage puisés sur les lieux mêmes, avec toutes les conséquences environnementales qui en découleront pour le Saint-Laurent et les populations qui s’y approvisionnent en eau potable», relève le groupe écologiste.
Un discours plus rassurant
François Proulx, directeur de la division de la qualité de l’eau à Québec, comprend les craintes pour les espèces marines et la remontée du front salin, mais il se veut rassurant pour la qualité de l’eau potable.
«Quand ça arrive dans le traitement, on agite un composé et les matières en suspension se collent ensemble et tombent au fond.»
TROIS PRISES D’EAU POTABLE DANS LE FLEUVE
Lévis: 80% de l’eau traitée par la Ville de Lévis provient du fleuve Saint-Laurent
Québec: 21% de l’eau traitée par la Ville de Québec provient du fleuve Saint-Laurent
- Secteur Saint-Romuald, à environ 1 km de l’hôtel de ville
- À 300 mètres à l’ouest de la traverse Québec-Lévis\
- Située à l’ouest des ponts, dans le secteur de Cap-Rouge, elle alimente l’usine de traitement d’eau potable de Sainte-Foy