Simon Boivin, Le Soleil, publié le 10 juillet 2015 à 05h00
(Québec) Tout indique que le ministre conservateur Denis Lebel s’engagera vendredi à soutenir un investissement d’Ottawa de 60 millions $ dans le projet d’agrandissement du port de Québec.
Différentes sources ont confirmé au Soleil la présence du lieutenant québécois de Stephen Harper dans la capitale cet avant-midi. Un événement de presse, auquel assisterait le maire Régis Labeaume, doit avoir lieu au port.
Le ministre de l’Infrastructure a déjà indiqué en mai qu’il était «important d’appuyer ce projet-là», comme son gouvernement a soutenu les ports de Montréal et de Sept-Îles dans leur développement. M. Lebel franchirait un pas supplémentaire en annonçant son appui à une participation de 62 millions $ du gouvernement fédéral, tel que souhaité par les autorités portuaires. Le maire Labeaume a aussi placé l’agrandissement du port sur sa liste de priorités soumises aux partis fédéraux en vue de l’élection à venir cet automne.
La première phase du projet consiste à prolonger de 610 mètres l’actuelle ligne de quai en eau profonde et la création de 18,5 hectares de nouveaux terrains pour aider le port à profiter de la croissance de l’industrie du transport maritime.
Les autorités portuaires ont déjà indiqué que l’investissement du gouvernement fédéral pourrait se faire «dans le cadre du programme Nouveau Fonds Chantiers Canada, volet Infrastructures nationales».
La phase I du projet d’agrandissement comprend aussi un réaménagement de la plage de la baie de Beauport. Mais, selon nos informations, il est plus difficile pour Ottawa d’insérer cet aspect dans un programme existant. Ces travaux devraient donc logiquement se réaliser à même les sommes que le port lui-même investira dans le projet.
Selon nos informations, le ministre Lebel ne débarquerait pas au port avec un chèque de 60 millions $. Il s’engagerait à soutenir le financement à travers le processus fédéral dont l’aboutissement a toutes les chances de se retrouver de l’autre côté du prochain scrutin. Il y a fort à parier que le projet d’agrandissement du port sera un enjeu de la campagne électorale à Québec.
D’Amour absent
Selon nos informations, le ministre québécois responsable de la Stratégie maritime, Jean D’Amour, ne sera pas de l’annonce. Un bras de fer subsiste entre le Port de Québec et le gouvernement Couillard qui tient à soumettre le projet d’agrandissement à un Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE). Les autorités portuaires, qui entendent mener leur propre «Processus environnemental de participation citoyenne» (PEPC), considèrent que les terrains fédéraux n’ont pas à se soumettre à un BAPE. Le premier ministre Philippe Couillard et son ministre de l’Environnement David Heurtel ont déjà juré que «les lois québécoises s’appliqueront au Port de Québec».
En mai, le ministre conservateur Denis Lebel a indiqué qu’à son avis, «le Port s’est engagé à respecter toutes les normes d’un processus habituel d’acceptabilité sociale, de rencontre des normes environnementales».
L’ensemble du projet baptisé Beauport 2020 est évalué à 190millions $. Le pdg du Port, Mario Girard, a déjà estimé les retombées à 100 millions $. La construction créerait selon lui 1200 emplois sur une période de cinq ans.