Tout baigne à la Baie de Beauport

Annie Morin, Le Soleil, publié le 25 juin 2017

(Québec) Les échantillons pris pendant l’été 2016 à la Baie de Beauport ont révélé une bonne ou une excellente qualité de l’eau du fleuve Saint-Laurent plus de la moitié du temps.

Un rapport préparé ce printemps par la Division de la qualité du milieu de la Ville de Québec présente le résultat de la campagne d’échantillonnage réalisée entre le 18 mai et le 6 septembre 2016. On y apprend que l’eau du fleuve s’est méritée la cote excellente seulement deux jours sur 109, mais qu’elle a le plus souvent été bonne, pendant 58 jours. Vingt-cinq jours, elle a été jugée passable, mais toujours baignable. Le reste du temps, la bactérie Escherichia Coli était trop présente pour faire trempette.

Comme pour toutes les autres plages du Québec, il faut moins de 200 unités formant colonie d’E. Coli par 100 millilitres d’eau pour y patauger sans risque pour la santé.

La Ville de Québec ne s’appuie pas sur ces échantillons pour décider d’ouvrir ou non la plage de la Baie de Beauport à la baignade, car il faut 24 heures pour obtenir les résultats et les conditions peuvent changer rapidement dans le fleuve Saint-Laurent.

C’est donc le modèle prévisionnel élaboré par Cyril Garneau, chercheur postdoctoral à la Chaire ModelEAU de l’Université Laval, et Peter Vanrolleghem, professeur, qui est le premier outil de décision.

Les nombreux échantillons pris l’été dernier sont venus confirmer son efficacité. À un point tel que la Ville de Québec se permet parfois d’ouvrir la plage à la baignade en après-midi même si les échantillons d’eau du matin révèlent la présence d’E. Coli car le modèle prédit une amélioration des conditions. L’inverse est aussi vrai: un bon test matinal ne garantit pas la présence de baigneurs toute la journée.

Le modèle sur mesure tient compte de quatre variables: la pluie reçue au cours des 24 heures précédentes, la période et la hauteur des marées, la présence de goélands et la direction du vent.

En entrevue au Soleil, Cyril Garneau indique que les fortes pluies, qui peuvent causer des déversements d’égouts, sont les pires ennemis des baigneurs. À l’inverse, les hautes marées sont leurs meilleures amies, car elles viennent diluer l’eau de mauvaise qualité qui stagne à marée basse.

L’outil décisionnel

Cet été, la Ville de Québec et le gestionnaire de la Baie de Beauport, Gestev, privilégieront encore le modèle prévisionnel. «Des échantillons sont prélevés tous les jours, mais ne servent qu’à valider rétrospectivement l’efficacité du modèle et à recueillir des données supplémentaires», indique Mireille Plamondon, porte-parole de la Ville de Québec. Pour augmenter l’accessibilité, la baignade pourrait à nouveau être autorisée pour des demi-journées, en fonction du cycle des marées.

L’an dernier, la baignade a été permise 41 jours sur les 75 que comptait la saison officielle. Deux fois, les échantillons ont révélé un taux d’E. Coli supérieur au plafond autorisé. Dans un cas, ce sont des goélands qui auraient brouillé les cartes. Dans l’autre cas, il n’y a pas eu d’échantillon pris en après-midi pour confirmer ou infirmer la contamination.

Par temps sec, donc propice à attirer les baigneurs, il y a eu 39 jours autorisés et 9 jours interdits. Pour huit de ces journées, les échantillons ont révélé a posteriori que l’eau aurait pu être propice à la baignade. Il va sans dire que dans ce cas, les chercheurs préfèrent les faux positifs aux faux négatifs.

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