Québec veut cinq ports, mais pas à n’importe quel prix

Ian Bussières, Le Soleil, publié le 16 juin 2017

(Québec) Le gouvernement du Québec a annoncé vendredi qu’il souhaitait mettre la main sur cinq ports en vertu du Programme de transfert des installations portuaires de Transports-Canada. Il n’a cependant pas l’intention de débourser un seul sou pour leur mise à niveau ou leur entretien.

Au début de 2015, le gouvernement de Stephen Harper avait lancé un programme pour se départir de plusieurs ports, dont 25 au Québec. Personne n’ayant manifesté d’intérêt à les acheter, le gouvernement fédéral a finalement plutôt décidé de les céder.

Ainsi, les ports de Matane, Rimouski, Gaspé, Baie-Comeau et Gros-Cacouna, dont les installations sont rentables, intéressent le gouvernement provincial, qui souhaite consolider son réseau portuaire commercial stratégique et ses zones industrialo-portuaires.

«Par la prise en charge de ces cinq infrastructures faisant partie de notre réseau portuaire stratégique, nous voulons accentuer le développement économique maritime de nos régions tout en répondant aux enjeux de compétitivité de l’industrie internationale. Nous avons en main tout ce qu’il faut pour exploiter le plein potentiel de notre territoire maritime», a affirmé le ministre délégué aux Affaires maritimes, Jean D’Amour.

Conditions

Malgré son intérêt, Québec a cependant fixé certaines conditions pour qu’il s’en porte acquéreur. «Nous n’accepterons pas le transfert si Ottawa ne paie pas la totalité de la facture pour la mise à niveau de ces ports ainsi que l’entretien pour les 25 prochaines années», a déclaré Marc Lapointe, porte-parole du ministre D’Amour.

«Québec ne mettra pas un seul sou dans la réfection et l’entretien de ces ports», a insisté M. Lapointe. Le gouvernement fédéral est accusé d’avoir négligé l’entretien de ses ports au cours des dernières années, de sorte que la facture pour la mise à niveau pourrait dépasser les 100 millions $.

Les discussions concernant les modalités de transfert devraient donc débuter au cours des prochaines semaines entre les deux paliers de gouvernement. Le gouvernement du Québec a cependant indiqué que s’il existait un intérêt de prise en charge d’un des cinq ports par une organisation du milieu, des discussions pourraient être entamées afin d’évaluer le potentiel des projets.

Désenclavement

Par ailleurs, même si le gouvernement du Québec a dit ne pas avoir d’intérêt pour les 20 autres ports du Québec dont le gouvernement fédéral souhaite se départir, il demande toutefois à Ottawa de continuer d’assumer sa responsabilité historique à l’égard des infrastructures portuaires consacrées au désenclavement des collectivités isolées en les entretenant adéquatement et en les reconstruisant lorsque requis.

Ces neuf ports sont ceux de Cap-aux-Meules, aux Îles-de-la-Madeleine, et de Blanc-Sablon, Harrington Harbour, Kegaska, La Romaine, La Tabatière, Natashquan, Tête-à-la-Baleine et Saint-Augustin, sur la Côte-Nord.

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Les cinq ports en bref

  • Baie-Comeau

Le port est situé près de l’embouchure de la rivière Manicouagan et comporte un quai avec rampe muni d’un poste d’amarrage et un quai brise-lames avec trois postes d’amarrage. Ses bureaux administratifs font 100 mètres carrés et son aire d’entreposage est de 6000 mètres carrés. Marc Lefebvre, président de la Corporation de gestion du Port de Baie-Comeau, estimait en 2013 qu’il en coûterait quelques dizaines de millions de dollars pour remettre ce port à niveau.

  • Gaspé

Le quai est situé à l’intérieur du havre de Gaspé, soit à 2,5 km de la ville de Gaspé, à l’extrémité de la péninsule gaspésienne. Son quai commercial comporte deux postes d’amarrage. La route d’accès au port est d’une longueur de 0,8 km et l’espace d’entreposage fait 6500 mètres carrés.

  • Gros-Cacouna

Son quai comporte deux postes d’amarrage et les installations portuaires incluent un hangar et un bâtiment de service qui fait 2791,54 mètres carrés, un garage de 276,46 mètres carrés ainsi qu’une carrière non opérationnelle. Plus de 100 000 mètres carrés sont disponibles pour le développement d’activités. On y trouve deux brise-lames et une route d’accès de 0,5 km. En mars 2016, le gouvernement fédéral a annoncé 6,7 millions $ pour mettre à niveau le port de Gros-Cacouna, qui était condamné pour son mauvais état.

  • Matane

Le port de Matane comporte un quai commercial muni d’un poste d’amarrage, un quai éperon fermé qui est à démolir et un brise-lames d’un kilomètre de long. Ses bureaux administratifs font 108 mètres carrés et il dispose de 13 000 mètres carrés d’espace d’entreposage près du quai et de 46 800 mètres carrés dans le secteur sud. L’automne dernier, le maire de Matane, Jérôme Landry, avait sonné l’alarme concernant l’état du port après plusieurs bris survenus durant la saison estivale. La durée de vie utile du port est évaluée à six ans dans un rapport commandé par Transports Canada.

  • Rimouski

La jetée ouest comporte un poste d’amarrage, dont une section fermée et l’autre en mauvais état. La jetée est comporte quatre postes d’amarrage et la jetée transversale, qui est fermée, un poste d’amarrage. On trouve aussi un poste d’amarrage pour les pêcheurs sur le quai éperon. Le hangar fait 296 mètres carrés, le bureau administratif 110 mètres carrés et le garage 126 mètres carrés. Ce port dispose de 13 500 mètres carrés d’espace d’entreposage. En 2014, l’accès a été restreint à certaines zones du port de Rimouski en raison de leur mauvais état.

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