Agrandissement du port de Québec: Beauport 2020 «manque de clarté», dit le député Côté

Jean-Michel Genois Gagnon, Le Soleil, publié le 08 septembre 2015

(Québec) Inquiet des impacts que pourrait avoir le projet d’agrandissement du port de Québec, le député sortant de Beauport-Limoilou, Raymond Côté, va déposer mardi un mémoire à l’Agence canadienne d’évaluation environnementale (ACEE). Le candidat néo-démocrate y déplore notamment le «manque de clarté» dans le document de présentation du projet Beauport 2020.

«Dans l’optique où le Port de Québec veut aller de l’avant avec son projet, on voulait s’assurer que les impacts pour la population résidente soient pris en compte sans compter les impacts sur les activités environnantes. Surtout, aussi, de tenir compte du travail qui a déjà été fait dans le passé lorsque des projets d’agrandissement avaient été soumis», explique auSoleil M. Côté, faisant référence à des documents produits dans les années 80. Il donne comme exemple le rapport PLURAM, réalisé en novembre 1981, où l’un des phénomènes observés a notamment été la pollution atmosphérique causée par le port.

Rappelons que la première phase du projet baptisé Beauport 2020 consiste à prolonger la ligne de quai actuelle sur 610 mètres, dotée d’une profondeur d’eau de 16 mètres à marée basse, créer 18,5 hectares de nouveaux terrains ainsi que reconfigurer la plage de la baie de Beauport. Ce réaménagement permettra au Port d’accroître le transbordement de marchandises et permettra aussi à des navires de plus grande capacité d’y accoster.

La phase 1 devrait nécessiter un investissement de 190 millions $, dont 60 millions $ ont déjà été promis par le fédéral. Le projet global est estimé à 530 millions $ et sera réalisé en deux phases. Le Port estime que son projet, qui prendra cinq ans à bâtir, créera 1100 emplois permanents et générera 100 millions $ en retombées économiques.

«Le document [Beauport 2020] manque de clarté. Nous ne savons pas quelles marchandises y transiteront et dans quel but ses installations supplémentaires sont construites à part le fait d’accueillir deux navires de plus à quai. C’est le flou total», stipule M. Côté. Sans ces informations, «il devient difficile de présenter [à l’agence] une analyse détaillée des considérations à évaluer. Compte tenu des impacts des activités portuaires actuelles, nous sommes en droit de connaître les intentions du Port de Québec quant à l’utilisation des nouvelles installations.»

Poussières et particules

M. Côté soulève aussi l’inquiétude des citoyens du Vieux-Limoilou sur la présence de poussière et de particules fines dans l’air de leur quartier. «Nombreux sont les citoyens qui se disent incommodés par la présence régulière de poussière salissant leur domicile et inquiets des risques que pose potentiellement la situation pour leur santé», avance-t-il dans le document, dont Le Soleil a obtenu copie. Il invite d’ailleurs l’ACEE à faire une étude détaillée des effets des poussières émanant du port sur les personnes vivant dans le voisinage.

Selon le candidat néo-démocrate, les marchandises qui transitent par le port de Québec sont souvent entreposées à l’air libre et chacune de ces substances a un impact sur la santé des citoyens. «La combinaison totale, comme le soulignait le directeur de la santé publique, peut avoir un impact autre, peut-être plus important ou moins. C’est ce qu’il faut voir. La charge totale de poussière en plus des composantes peut amener différents problèmes de santé dans la population. […] Malheureusement, nous n’avons pas suffisamment d’information actuellement pour aider les gens à comprendre dans quel environnement ils vivent», déplore-t-il.

Comme autre point, M. Côté demande à l’ACEE de calculer les bienfaits économiques d’un tel agrandissement. «Est-ce que c’est des bénéfices qui sont suffisamment importants pour l’investissement que cela représente? demande-t-il. La création d’emplois directs est un point assez important, considérant les sommes qui sont à l’enjeu. C’est l’argent des contribuables qui est utilisé. Cet argent [du fédéral] pourrait être utilisé pour d’autres projets qui pourraient avoir un meilleur rendement.»

Demandes du NPD à l’Agence canadienne d’évaluation environnementale

  • tenir compte des effets des opérations portuaires actuelles, en analysant les données des capteurs de poussière installés par l’Administration portuaire;
  • consulter la documentation et les études élaborées dans le cadre du projet d’agrandissement, incluant mais non exclusivement, le rapport PLURAM de novembre 1981, les mémoires présentés à la Commission et publiés en février 1984 et le verbatim des réunions publiques de mars 1984;
  • consulter les mémoires et les interventions déposés dans le cadre des consultations menées pour adopter le plan d’utilisation des sols de 2001;
  • considérer l’impact de nouveaux aménagements portuaires sur le potentiel récréotouristique de la Baie de Beauport;
  • prendre en considération les impacts que pourrait avoir l’agrandissement des installations pour les Beauportois et les Limoulois, dont les conséquences sur la valeur de leurs biens immobiliers;
  • considérer l’impact de l’agrandissement des installations portuaires sur les usagers récréatifs de la Baie de Beauport;
  • s’assurer qu’une analyse indépendante soit produite pour révéler les impacts de l’agrandissement pour l’économie de la région et les emplois directs créés par le Port une fois la construction terminée, afin de prendre une décision qui repose sur des bases solides et sur des analyses transparentes.

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